Quand vous étiez coincés chez vous par l’épidémie de Coronavirus, vous vous êtes mis à faire du pain, du yoga, du running… voire un peu de télétravail. Fabcaro, Fabrice Erre, Bouzard, B-gnet et Gilles Rochier, eux, ont trompé leur ennui en faisant une BD. En effet, bloqués ensemble pendant cette période, ils n’ont rien trouvé de mieux à faire que gribouiller des dessins en se mettant en scène, alternant des planches représentant les aventures de chacun de leur persona de papier pour un délire à peine cadré à base lettre mystérieuse, de voyage de l'aventure aventureuse, de tronçonneuse et de guimbarde.
On se retrouve avec un récit décousu, très inégal, la partie la plus faible étant celles de Fabcaro assez fainéante et dégoulinant de cynisme quant à sa production actuelle. Je sais que certains vont me rétorquer je ne comprend rien au génie de l’humour absurdo-méta jouant avec le quatrième mur et le 1er degré mais désolé, non seulement ça ne fonctionne pas chez moi mais je ne peux pas m’empêcher de trouver ça cynique. Et pourtant, à la première vignette, j’étais content que retrouvé son personnage dessiné comme dans les grandes heures de La Clôture et de Steak it Easy, mais j’ai très vite déchanté. À l’opposé, les parties de Fabrice Erre et surtout de Bouzard sont celles qui fonctionnent le mieux et qui m’ont arraché un sourire voire un petit rire discret plus ou moins assumé.
Dans le rabat de la couverture, on lit l’aveu des auteurs concernant « la plus grande escroquerie éditoriale du siècle » et on a presque envie de les croire sur parole. Clairement, les auteurs étaient livrés à eux-mêmes et ça se voit : il y a une absence totale de travail éditorial. Je suis persuadé que toute la bande s’est éclaté autour de la table à se balancer des idées et dessinant à tour de rôle leur cadavre exquis. Mais je les imagine tout aussi bien arriver à 6 pieds sous terre et dire à leur éditeur « tiens, on a pondu ça quand on s’ennuyait près de Millau, fais-en ce que tu veux ». Et l’éditeur, de son côté, bien content d’avoir du Fabcaro, Erre & co clé en main, s’est empressé de l’éditer (enfin 3 ans après) sans trop s’inquiéter du contenu capitalisant sur les noms (et puis il fallait bien rentabiliser cette résidence d’auteurs qui s’est éternisée grâce au gouvernement français).
En conclusion, il est clair qu’on a tous mal vécu ces périodes de confinement et de couvre-feu mais apparemment certains bien plus que d’autres même si c'est pas une raison pour exorciser cette souf en en publiant des livres.