Satanie
7.4
Satanie

BD franco-belge de Kerascoët (2016)

Quand Fabien Vehlmann et Kerascoët creusent jusqu’aux enfers, mais trouvent aussi des merveilles

Avec Satanie, Fabien Vehlmann et Kerascoët nous invitent à une descente vertigineuse dans les entrailles de la Terre, où l’horreur et la poésie cohabitent joyeusement. Ce récit hybride, à mi-chemin entre conte fantastique, quête initiatique et pure bizarrerie, nous embarque dans une exploration sous-terraine où chaque recoin semble murmurer : "Vous êtes sûrs que vous voulez continuer ?"


L’histoire commence avec un groupe d’explorateurs un peu hétéroclite, lancé sur les traces d’un scientifique disparu qui avait une théorie... disons, peu orthodoxe : l’enfer existe, mais pas comme on l’imagine. Et s’il avait raison ? Entre une héroïne déterminée, des coéquipiers aux nerfs fragiles, et des visions de plus en plus dérangeantes, le voyage tourne vite au cauchemar – ou à un rêve étrange dont on aurait oublié les clés.


L’héroïne, Charlotte, est un personnage central attachant par sa ténacité. Elle nous guide dans ce voyage abyssal, oscillant entre émerveillement et terreur, et sa quête personnelle donne une touche humaine à cet univers aussi fascinant qu’oppressant. Les autres personnages, bien que parfois un peu caricaturaux, apportent des moments d’humour ou de tension bienvenus.


Visuellement, Kerascoët livre un travail somptueux. Les dessins, à la fois lumineux et étrangement dérangeants, transforment l’exploration en un spectacle visuel où chaque page regorge de détails hypnotiques. Les créatures rencontrées, les paysages déformés, et les ambiances oscillant entre cauchemar et fable enchantée créent une expérience sensorielle unique. Cependant, cette richesse visuelle peut parfois voler la vedette à l’intrigue, qui paraît un peu noyée sous tant de splendeur.


Narrativement, Fabien Vehlmann jongle avec les genres et les thèmes : la foi, la science, et les profondeurs (au sens propre comme au figuré). L’histoire avance à un rythme irrégulier, alternant entre moments de tension haletante et pauses contemplatives. Ce déséquilibre, bien que déstabilisant, contribue à l’atmosphère singulière du récit. Cependant, certains lecteurs pourraient regretter un manque de clarté ou une conclusion un peu trop énigmatique.


L’un des points forts de Satanie est sa capacité à jouer avec nos attentes. Ce n’est pas une simple aventure fantastique, mais une réflexion plus profonde sur l’humanité, la peur, et les limites de nos croyances. Mais attention, ce n’est pas une œuvre qui prend par la main : elle exige qu’on accepte de se perdre pour mieux en savourer les subtilités.


En résumé, Satanie est un voyage fascinant, où l’on e de l’émerveillement à l’angoisse avec une fluidité déconcertante. Avec un visuel époustouflant, une ambiance inimitable, et une histoire qui ose cre dans des territoires inexplorés, Fabien Vehlmann et Kerascoët livrent une œuvre unique. Un périple sous-terrain où le diable est peut-être dans les détails, mais où l’on trouve surtout une beauté étrange et envoûtante.

7
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le 31 déc. 2024

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CinephageAiguise

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