Goscinny a parfois mis en place des aventures dont la première moitié est une sorte de grande mise en place des personnages et de l’intrigue. On se dit alors qu'on tient un album moyen s'il continue sur ce ton. Or la deuxième moitié bascule en un festival d'action et de folie. Le Domaine des Dieux (17ème album d'Asterix) en est une superbe illustration. La Ruée sur l'Oklahoma est également de cette nature.
Pour rester sur cette idée de structure, on retrouve dans la première moitié un scénario plutôt morrissien avec une galerie de personnages ubuesques et des gags qui feront plutôt rire les enfants.
La seconde moitié, lorsque la ruée commence vraiment, est dans la plus pure tradition goscinienne où chaque planche est un délice et nous font tout autant rire qu'elles nous donnent à penser sur : la propriété privée, l'individualisme, l'exploitation de la terre, la spéculation foncière, l'urbanisme (planches 19 à 22) ; jusqu'à proposer une parodie d'élection. A ce propos, Dopey est un personnage très attachant un peu comme Jacques Villeret dans Le dîner de cons.
La consistance de ces villes champignons sur des territoires arides rappellent de nos jours Las Vegas ou encore Dubaï.
Au final, un album sans acteurs majeurs (pas de méchants célèbres, absence de Rantanplan, Jolly Jumper ne parle pas) mais un sujet de la colonie du territoire américain parfaitement maitrisée.