Être grand-père
C'est un fait : j'adore Zidrou. Depuis que j'ai découvert son boulot, ma ion n'est jamais réellement descendu et si quelques unes de ses histoires ont pu me décevoir, il a toujours su sortir...
Par
le 4 sept. 2016
13 j'aime
3
Avec Qinaya, premier tome de L'Adoption, Zidrou et Arno Monin signent une œuvre délicate et pleine d’émotions, où l’arrivée d’une petite fille péruvienne dans une famille française bouleverse plus que les habitudes. Ce récit, qui oscille entre tendresse, humour et mélancolie, nous invite à explorer le choc des cultures et des générations avec une subtilité qui frappe juste.
L’histoire suit Gabriel, un grand-père ronchon à la retraite, qui voit débarquer dans sa vie Qinaya, une fillette adoptée par son fils et sa belle-fille après un séisme dévastateur au Pérou. D’abord réticent, Gabriel apprend peu à peu à tisser une relation avec cette petite étrangère qui transforme son quotidien en une aventure pleine de surprises… et de remises en question.
Gabriel est un personnage qui brille par son humanité brute. Ses sarcasmes et son attitude bourrue masquent une sensibilité qu’il peine à assumer, ce qui le rend à la fois agaçant et profondément attachant. Quant à Qinaya, avec son sourire désarmant et son regard curieux, elle incarne la douceur et l’innocence, mais sans tomber dans la caricature de l’enfant parfait.
Visuellement, Arno Monin livre un travail magnifique, où les couleurs chaudes et les traits doux contrastent avec les émotions parfois rugueuses du récit. Les expressions des personnages, particulièrement celles de Gabriel, capturent avec justesse les nuances des sentiments, qu’il s’agisse d’agacement, de tendresse ou de vulnérabilité. Les décors, souvent simples mais évocateurs, servent d’écrin à cette histoire intimiste.
Narrativement, Zidrou frappe par sa capacité à mêler légèreté et gravité. Les dialogues, empreints d’humour et de réalisme, donnent vie aux interactions familiales, tandis que les silences et les non-dits laissent place à une réflexion plus profonde sur des thèmes universels : la transmission, l’amour, et les attentes face à la famille. Le rythme, bien que posé, garde le lecteur captivé grâce à des rebondissements émotionnels savamment distillés.
Cependant, l’album n’échappe pas à quelques petites maladresses. Certains moments, bien que touchants, peuvent paraître un peu appuyés, comme si le récit cherchait parfois trop à tirer sur la corde sensible. Mais ces légers excès sont compensés par la sincérité du propos et la richesse des relations entre les personnages.
Le véritable coup de maître de Qinaya réside dans sa capacité à transformer une histoire apparemment simple en une réflexion universelle sur la manière dont nous apprenons à aimer, à accepter, et à grandir, quel que soit notre âge. Zidrou ne cède jamais à la facilité, préférant explorer les zones grises de la parentalité et de la filiation avec une finesse qui résonne longtemps après la dernière page.
En résumé, Qinaya est une œuvre douce-amère, où Zidrou et Monin tissent une histoire profondément humaine avec humour, tendresse, et une pointe de mélancolie. Avec des personnages attachants, un dessin d’une grande finesse, et une narration qui sait parler au cœur, ce premier tome de L’Adoption est une belle leçon de vie en bande dessinée. Un livre à lire avec un sourire et, peut-être, un mouchoir à portée de main.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleures BD de 2016
Créée
le 30 déc. 2024
Critique lue 1 fois
C'est un fait : j'adore Zidrou. Depuis que j'ai découvert son boulot, ma ion n'est jamais réellement descendu et si quelques unes de ses histoires ont pu me décevoir, il a toujours su sortir...
Par
le 4 sept. 2016
13 j'aime
3
Avec une douzaine d'albums publiés l'an é, Benoît Drousie alias Zidrou est sans conteste l'un des scénaristes de bande dessinée belge les plus prolifiques. Entre un énième album de L'élève Ducobu...
Par
le 12 mai 2016
13 j'aime
3
Avec ce vieux grand père un peu ronchon, on pensera inévitablement aux Vieux Fourneaux. On y retrouve en effet des dialogues plus vrais que natures qui fusent et qui mordent. Mais l'histoire de...
Par
le 26 sept. 2016
7 j'aime
Avec La Serpe d’or (1962), René Goscinny et Albert Uderzo emmènent Astérix et Obélix dans leur première grande aventure hors du village, direction Lutèce. L’occasion de découvrir que les Gaulois ne...
Par
le 20 déc. 2024
6 j'aime
Blacksad est de retour, trench-coat impeccable, regard sombre et griffes affûtées. On replonge dans ce New York poisseux et corrompu, où les rues sentent le tabac froid, la sueur et les ambitions...
Par
le 31 janv. 2025
5 j'aime
Si Agents of S.H.I.E.L.D. était une mission, ce serait un plan hyper élaboré qui tourne mal dès la première minute… mais que tout le monde continue comme si de rien n'était.Le concept est censé être...
Par
le 20 mars 2025
4 j'aime
3