Bon, j'ai cherché, hein, des trucs négatifs à dire; difficile de mettre un 10/10 quand on sort du système éducatif français. Mais je ne trouve pas, c'est tout.
Comment décrire une oeuvre comme Prométhéa? On peut dire, comme certains critiques américains, que c'est un livre religieux déguisé en comic (ce à quoi j'imagine bien Moore répondre: "Oui? Et?"). Pour être plus exact, c'est un mélange intime de comic de super héros et de livre de magie, avec une bonne dose de postmodernisme (Ouh! Le vilain mot!) pour lier la sauce, et des graphismes de même tonneau.
Moore raconte une histoire, puis nous explique ses idées, balance une scène d'action quand il sent qu'on a besoin d'une récréation J.H WIlliams III expérimente constamment, utilise des styles variés (dont une imitation de Van Gogh), compose des paysages surréalistes et, globalement, nous en met autant plein la vue que Moore nous en met plein la tête. La mise en page suit, tournant dans tous les sens, et les auteurs n'oublient pas de casser le 4e mur quand ça leur semble pertinent.
Parce que là réside la clé de Prométhéa. Ce n'est pas de la magie pour de rire. Moore nous livre une vraie description de la Kabbale, du Tarot, ainsi que ses réfléxions personnelles sur la magie, la raison et l'imagination. Qui, évidemment, s'appuient toutes trois les unes sur les autres, n'en déplaise aux esprits chagrins de tous bords qui voudraient les séparer.
Bref, après avoir mis une fessée à beaucoup d'auteurs de comics, il se permet de ridiculiser les mystiques de tous poils: intégristes de la science et de la religion, rigolos new-age qui pensent en savoir plus long que vous parce qu'ils arrivent à interpréter de travers des phénomènes de physique quantique. Tout ça en nous faisant voyager. Et rêver. Et penser. Tout en racontant une histoire épique, avec des grosses bastons. Et des vannes. Et des lesbiennes.
Bref: Prométhéa, mangez-en.