La compétition entre suicidaires sociopathes pour devenir le nouveau Dieu de l'humanité fait rage. Car sur la douzaine candidats potentiels, chacun épaulé par un ange veillant sur lui, il ne pourra en rester qu'un. Et le souci principal de Mirai, l'un des prétendants, c'est que sa dulcinée se trouve également dans la course tandis que la compétition prend un tour de plus en plus morbide.
Sur le plan de l’intrigue, ce nouveau tome se révèle plus intéressant, exploitant davantage les possibilités offertes par les conditions et contraintes qui régissent cette compétition pour devenir Dieu. L’essentiel du volume est consacré à la confrontation avec l’un des candidats, véritable épreuve psychologique offrant de multiples rebondissements. Sur ce plan-là, le contrat s’avère rempli et les amateurs de Death Note devraient y trouver leur compte. De même, ceux qui espéraient retrouver la romance de Bakuman pourront se raccrocher à l’histoire, plutôt mignonne, qui se noue entre Mirai et Saki.
Pour le reste, ce manga souffle vraiment le froid et le chaud, avec des développements amusants d’une part, et franchement gênants d’autre part.
Au bénéfice du titre, cette variation improbable autour de la figure du sentai 1 à partir du vilain, Metropolitan, vrai faux-héros qui se joue du public et de ses adversaires dans la compétition. La reprise de ce motif classique de la culture populaire japonaise s’intègre parfaitement dans l’intrigue et offre un développement tout à fait prenant.
À l’inverse, certaines tendances pressenties dans le premier volume trouvent là confirmation. De manière anecdotique, le dessin de Takeshi Obata, toujours d’excellente qualité, verse de plus en plus dans un fan service jouant des formes des personnages féminins. De manière plus problématique, les résolutions offertes aux situations auxquelles sont confrontés nos héros suscitent souvent le malaise. Sous des aspects bon enfant, le propos se révèle brusquement violent et le dénouement de la grande intrigue de ce volume nous a semblé non seulement dramatique, mais aussi et surtout sordide.
On est assez loin des standards du Weekly Shonen Jump - Platinum End n’est pas prépublié dans cette revue, mais les deux auteurs en sont de purs produits - et indubitablement les mangakas tentent de renouer avec le succès de Death Note qui avait alors en grande partie reposé sur cette rupture avec plusieurs codes du magazine, à commencer par une forme innocuité visant à préserver les jeunes lecteurs. Là, nous avons droit à des morts, et même des mises à mort, brutales et malsaines. Le ton change, et si cela pourra séduire un public sans doute un peu plus mature, demeure tout de même une étrange sensation de mélange des genres à l’équilibre plutôt mal dosé.
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