On est peu de chose

Hahaha ! Ben voilà, maintenant c'est sûr : en entamant la relecture de cette série, et surtout après la déception du premier tome, je me suis demandé si je n'allais pas changer d'avis aussi pour le quatrième tome et le considérer comme le meilleur. Et bien non, je n'ai pas changé d'avis, cet album est vraiment le pire de la série.


Je ne comprends même pas ce qui a motivé l'auteur à faire cette ultime épisode, ni les éditeurs à le publier. L'auteur ne parle absolument de rien d'autre que de ses convictions politiques. Il n'inclut aucun élément narratif, aucune tension, ou si peu, aucun construction dramaturgique. Les personnages parlent politiques, signifient que le monde va mal et en parallèle, Larcenet nous bassine avec la beauté de l'innocence d'une enfant. C'est vraiment très con. Je ne comprends pas non plus cette ellipse entre le tome 3 et le tome 4 : pourquoi ne pas avoir poursuivi sur sa lancée, parler de la paternité, de la difficulté d'allier ce job à celui de la photographie ? Bon, connaissant Larcenet ça aurait été nul, mais au moins il aurait eu des bases, des attentes sur lesquelles travailler. En coupant aussi net les liens avec les précédents albums, il réalise un album qui ne tient pas la route, qui n'a même pas l'air d'être une suite. Bon, il reste les thèmes, même si l'auteur, complètement fou, a inversé les proportions : la politique ne prenait qu'une place très mineure dans ses précédents albums, ici il en fait son cheval de bataille. Mais à nouveau, ce n'est pas tant ses convictions qui me dérangent, mais la manière de les exploiter : Larcenet évite tout traitement narratif, se contente de distiller ici et là ses vérités philosophiques, ses convictions toutes personnelles. Ce n'est pas un récit, c'est juste une confidence. Une confidence qui ne m'intéresse pas. Y a aussi cette mise en parallèle entre souciance et insouciance, mais comme il n'y a pas vraiment de narration, à nouveau, tout l'intérêt de cette opposition tombe à l'eau. Les séquences avec sa fille également trop bienveillants, ça manque d'honnêteté je trouve : même quand le personnage assume mal son rôle, on a l'impression d'entendre Larcenet qui nous fait la morale (être père, c'est merveilleux, mais c'est dur).


Graphiquement, je découvre un Larcenet à l'aube de son "Blast" ; ce qui me déplaît dans "Blast", c'est que l'auteur expérimente un peu dans tous les sens et qu'il manque une unité à l'ensemble de ses 4 volumes. Dans le tome 3 de cette série-ci, on a pu remarquer que l'auteur s'était rapprocher du style réaliste, si je puis dire, en ajoutant un doigt aux mains. Ici, il change le canon de ses personnages, mais pas de manière constante. Il propose des dessins léchés, puis minimalistes, puis bâclés. Y a des trucs très beaux mais y a aussi des trucs très moches. C'est très inégal. Et enfin, l'auteur commence à sombrer dans sa propre caricature, toujours à réutiliser les mêmes effets scéniques. Bon, les conversations ne sont pas désagréables à suivre d'un point de vue formel, il sait où placer ses gros plans et tout, mais au final, ce livre est un gros échec. Y a aussi les incrustations de photos qui sont assez horribles, ou encore l'utilisation des dessins de sa fille : ça marchait dans Blast, ici c'est correct. Au niveau des couleurs, Patrice propose quelques ambiances sympathiques, mais il s'égare aussi avec quelques ages fort peu lisibles (des scènes de nuit) à cause de vignettes aux couleurs trop foncées et manquant de contraste, combinées au papier brillant...


Bref, ce tome 4 n'aurait pas du voir le jour : il est pauvrement écrit, inégalement dessiné et plus que jamais, Larcenet s'inscrit comme un des auteurs les plus immatures de sa génération, menant sa petite révolution sur ses planches, n'hésitant pas à se qualifier de bon gars au age pour le travail qu'il fait, alors qu'il n'apparaît jamais que comme un ado boutonneux geignant dans le corps d'un adulte gras et suant.

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le 18 avr. 2016

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Fatpooper

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