Les mots du titre ont été rédigés par Stéphane Duval, en 2016, pour présenter cet ouvrage qu’il avait édité en 2005. À l’heure où chaque sortie est accompagnée de son lot de superlatifs (banger, masterclass, pépite, game changer, etc.) il vaut la peine de revenir sur un ouvrage singulier et qui mérite amplement ce commentaire de son éditeur français.
Makoto Aida (né en 1965) est un artiste contemporain japonais, attiré par le manga mais qui n’a pas pu aller au bout de son rêve de publier un manga… jusqu’à celui-ci. Mais attention pour les âmes sensibles : on embarque pour la Guerre du Pacifique version (très) alternative, où les États-Unis sont des monstres (littéralement) dirigés par Mac Arthur et Roosevelt et le peuple japonais de pauvres âmes sauvées par le trio Hanako (l’héroïne), Junichi (le pilote kamikaze) et l’Empereur du Japon. Avec un dessin (en couleurs) simpliste (mais ce n’est pas de l’heta-uma), de gros phallus et des explosions, ainsi qu’un bâton de bambou qui tire des rayons laser… nous voilà embarqués pour une aventure où les faits historiques ne sont pas respectées à la lettre. Et on n’a pas l’URSS.
Une œuvre à ne pas prendre au premier degré et qui revient sur la construction des héroïnes (elles perdent des êtres chers, s’en sortent grâce à des hommes, des aides extérieures), la surenchère dans les super-pouvoirs, l’envolée dans l’espace, la lutte entre capitalisme et tradition… L’ouvrage contient aussi une postface de l’auteur ainsi que plusieurs pages consacrées aux autres créations de Makoto Aida ainsi qu’une mise en perspective de ses travaux par D. Chen.
Une jeune fille ée à la moulinette de la magical girl et de l’art contemporain ? C’est Mutant Hanako, œuvre traduite par Jin Kurashige. Les mots de la fin sont pour l’auteur : « J’imagine que cette soudaine publication est certainement due au statut particulier de ce manga (réalisé par un artiste contemporain), et non à cause de sa qualité (plutôt médiocre) ».