Et c'est reparti mon kiki!

Ca y est. Le relais est é. C'est Sente qui s'y colle. Rosinski toujours à son poste, certainement avec plus d'autorité maintenant que ce n'est plus Van Hamme qui co-dirige la destinée du héros batard.

Ce n'est pas ce qu'il y a de pire... mais le niveau ne remonte clairement pas avec l'arrivée de ce nouveau scénariste. La volonté est là, et l'album comporte de bien belles idées, mais le traitement est pauvre, maladroit. Déjà, on pourra se voir déçu que Sente n'a finalement pas abandonné Thorgal. En soi ce n'est pas un vrai problème, non; le hic c'est plutôt dans la construction dramaturgique. Sente est sur deux fronts en même temps : l'histoire de Thorgal et l'histoire de Jolan. Un montage en parallèle a donc lieu cassant ainsi tout approfondissement de l'une ou l'autre histoire. Le résultat est que les deux fils d'intrigue avancent à coup de cliffhangers et de résolutions faciles. La tension ne monte donc jamais et on s'ennuie devant des obstacles qui n'ont pas l'air d'en être. Sur le fond, outre cette réutilisation inutile de Thorgal (faussant ainsi le titre de l'album), on pourra se montrer sceptique quant à l'histoire impliquant le fils de Kriss de Valnor. En effet, quelle drôle d'idée de vouloir impliquer Aniel de la sorte. C'est tiré par les cheveux, improbable, maladroit, facile...

Heureusement Rosinski est là pour sauver les pots. Si le scénario est bien vide, le pinceau est lui plein de peinture ; le dessinateur qui peinait à affirmer sa nouvelle technique dans l'album précédent a ici trouvé la bonne formule. Ses vignettes sont souvent bluffantes grâce à des décors soignés, un jeu de lumière travaillé plusq u'à l'accoutumée, un découpage en parfaite adéquation avec la technique. Je reprocherai juste une palette limitée d'ambiance (on revient vite aux mêmes couleurs, même au travers des autres albums qui suivront).

Bref, on nous avait promis la fin de Thorgal et le début de Jolan, mais finalement les auteurs ont la mauvaise idée de traiter les deux (alors qu'il aurait été facile de consacrer quelques tomes à un Thorgal vieillissant dans les spin off de la collection 'les mondes de Thorgal') ; le scénario ne convainc donc jamais, piétine, manque de profondeur tandis que Rosinski semble s'épanouir dans sa nouvelle approche graphique (jusqu'à quand?).