Dans ce troisième tome, American Vampire transporte son récit sur le front du Pacifique durant la Seconde Guerre mondiale. Loin des clichés habituels, Snyder mêle horreur vampirique et horreur humaine dans un contexte militaire oppressant, où la frontière entre monstre et soldat devient de plus en plus trouble.
Ce qui m’a particulièrement marqué, c’est l’utilisation du contexte historique non pas comme toile de fond décorative, mais comme moteur dramatique. La guerre devient ici une extension du conflit vampirique, et inversement. Cela donne du poids aux décisions des personnages, et installe une tension permanente.
Le travail graphique est exceptionnel. Le trait rugueux de Rafael Albuquerque rend l’horreur presque palpable, tandis que les séquences dessinées par Danijel Zezelj offrent une respiration plus brute, presque introspective. Le découpage est dynamique, parfois chaotique, mais toujours au service de l’histoire.
Les figures de Skinner Sweet et Pearl Jones gagnent encore en densité. Les nouveaux personnages apportent aussi leur lot de dilemmes moraux et de blessures intérieures. L’écriture de Snyder évite le manichéisme et donne à chacun une complexité bienvenue. Les relations sont tendues, ambivalentes, toujours crédibles.
Points forts
- L’originalité de l’approche historique
- L’esthétique puissante et immersive
- La profondeur psychologique des personnages
- L’équilibre entre action et réflexion
Points faibles
- Quelques ruptures de rythme peuvent troubler la fluidité
- La densité narrative demande une lecture attentive
Pourquoi 8.5/10 ?
Parce que ce tome réussit presque tout ce qu’il entreprend : il est intense, sombre, inventif et narrativement solide. Quelques petites maladresses dans le rythme l’empêchent d’atteindre l’excellence totale, mais le voyage reste inoubliable. Une œuvre marquante dans le paysage du comics contemporain.
Le Fléau du Pacifique est une lecture exigeante mais grisante. Il prouve que l’horreur peut être intelligente, que le fantastique peut dialoguer avec l’Histoire, et que les vampires ont encore beaucoup à dire quand ils sont écrits avec ion. Une réussite à la fois brutale et raffinée, qui donne envie de plonger immédiatement dans la suite.