Cet album est un des derniers de l'âge d'or de la collaboration Goscinny-Morris qui se termine avec le fabuleux Empereur Smith.
L'histoire est originale et bien amenée. Un psychanalyste germanique de la fin du XIXème vient expérimenter sa capacité à remonter à la genèse des crimes pour les faire cesser. Il s'attaque donc au cas le plus sévère de l'Ouest, la fratrie Dalton. Un peu comme dans Les Dalton se rachètent, Joe et les siens seront en proie à jouer la comédie mais leur bêtise les rattrapera. Cela donne au final pleins de séquences très drôles notamment parce que Otto von Himbeergeist a plus d'un tour dans son sac.
Graphiquement, on retrouve avec la maisonnette isolée et les scènes de nuit (notamment la longue scène finale), les ingrédients qui ont très bien marché dans le savoureux Ma Dalton.
Cet album est également rempli de quelques réjouissances stylistiques, comme la plongée verticale de la planche 14 (vue également dans le bras de fer de Calamity Jane) ou encore les cases complétement noires des planches 15 et 17 qui permettent de jouer sur les silences avec délectation.
Seulement, Lucky Luke a une attitude un peu trop confiante dans cet album qui ne le rend pas particulièrement sympathique. A chaque situation compromise pour lui, il a un sourire en coin (planches 30, 35 ou 42) et donne l'impression d'une certaine invincibilité. Certes les méthodes du professeur Otto von Himbeergeist deviennent parfois grotesques et ne fonctionnent pas sur tout le monde, à commencer par Lucky Luke ou encore Averell, mais on s'éloigne de plus en plus d'un cow boy qui doute, qui a ses faiblesses, parfois ses torts.
Aussi, le fait que l'album tire un peu trop sur la corde des souvenirs d'enfance et la fin précipitée/bâclée atténuent la bonne impression d'ensemble. Et puis la personnalité et le charme du cow-boy opèrent moins...