La Croisade des innocents
7.2
La Croisade des innocents

BD franco-belge de Chloé Cruchaudet (2018)

La Croisade des innocents par jerome60

Fuyant son foyer pour éviter le courroux paternel, Colas trouve refuge dans une sinistre taverne où il est employé à des tâches ingrates avec d’autres enfants. Après avoir découvert sous la glace d’un étang un visage qu’il prend pour celui de Jésus, le jeune garçon s’imagine investi d’une mission divine et il convainc ses camarades de le suivre jusqu’à Jérusalem pour délivrer le tombeau du Christ. Commence alors un périple de plusieurs mois où la caravane des enfants gueux, ne cessant de grossir au fil de ses étapes, va devoir affronter mille défis pour poursuivre sa route.


L’innocence ne dure qu’un temps, voilà sans doute la morale à retenir de cette fable cruelle concoctée de main de maître par une Chloé Cruchaudet au sommet de son art. S’inspirant d’une histoire vraie datant de 1212, elle propose ici un roman graphique initiatique puissant, porté par un sens du récit d’une grande maîtrise et un trait nerveux, sans fioriture, laissant les décors à leur strict minimum pour concentrer son attention sur les mimiques des personnages. Le jeu des couleurs, nuances de marron, gris, bleu et violet ne laissent er que peu de lumière et renforce l’ambiance crépusculaire qui traverse tout l’album.


La croisade de ces miséreux avance au gré des obstacles rencontrés sur des chemins aussi tortueux que les esprits du Moyen-âge. Le froid, la faim, la promiscuité, l’altruisme, la solidarité et la débrouillardise forment un mélange détonnant, oscillant entre réalisme cradingue, mélancolie, douceur et poésie. L’évolution des relations entre les enfants à l’intérieur du groupe est fascinante et n’est pas sans rappeler par moment l’esprit du terrible « Sa majesté des mouches ».


La conclusion, empreinte de pessimisme et d’une douloureuse lucidité, signe la fin de l’insouciance et plonge les âmes pures dans ce que l’humanité peut révéler de plus impitoyable. Un roman graphique magistral !

8
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le 24 oct. 2018

Critique lue 280 fois

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jerome60

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