Amère déception.

Parodier la Bible est un exercice plus périlleux qu'on ne le pense. L'Ancien comme le Nouveau Testament ont fait l'objet de nombreuses parodies, interprétations et autres détournements de la part de nombreux artistes depuis maintenant plus de 2000 ans. C'est encore plus évident chez les artistes adeptes de l'humour noir et décapant, pour qui le sketch ou la vanne sur Jésus semble être un age obligé. Autant dire que pour apporter un regard neuf sur les textes sacrés du Christianisme et se moquer de la religion de manière originale, il faut se lever de bonne heure.

Cette fois, c'est Winshluss qui s'y colle. Pour ce faire, il s'est contenté de fusionner son univers habituel avec différents épisodes de la Bible, transformant Dieu et les apôtres en ivrognes, le serpent du fruit défendu en réalisateur de films pornos et Marie en épouse esseulée par un mari trop occupé par son travail, qui trouvera l'amour aux bras d'un Dieu prêt à tirer son coup. Si la parodie n'est ni drôle ni originale, elle devient carrément gênante quand on la compare à Monsieur Ferraille, qui contient aussi le même genre de personnages, les mêmes situations, les mêmes références à Charles Atlas et les mêmes fausses pubs.

Mais après tout, l'exercice serait à demi raté si Winshluss avait pu nous satisfaire avec son talent de dessinateur et les planches auxquelles il nous a habitué. Monsieur Ferraille partait dans tous les sens s'inspirant de différents courants de bandes dessinées et de graphisme pour ses histoires courtes. Pinocchio allait encore plus loin en structurant les différentes techniques graphiques en ayant toujours le soin de servir son histoire. Après ces deux bandes dessinées qui ont affirmé son style d'auteur de bandes dessinées, je m'attendais à retrouver peu ou prou la même chose dans In God We Trust.

Si effectivement la bande dessinée présente toujours différentes techniques graphiques, elles sont toutes très faibles. Seules les fausses pubs sortent du lot, grâce à l'intervention de Cizo. On sent que Winshluss a dessiné l'album par dessus la jambe, bâclant complètement certaines planches et laissant la couleur à une tierce personne (privées du grain particulier qui faisait le charme des précédent album, les couleurs oscillent entre le fade et le franchement laid). Parce que le type n'est pas manchot, il reste malgré tout quelques moments de grâce, mais trop peu...

Au final, il s'agit d'un album clairement dispensable. Vendu à 25 euros, bâclé, il n'a pour lui que l'excellente facture de l'édition. Sur lequel vous pourrez pleurer toutes les larmes de votre corps : elle est imperméable.