RIP Lieutnant Blueberry

Ce matin au réveil, j'ai détesté le flash info de mon téléphone. C'est rarement joyeux un flash info mais bon, la plupart du temps, on ne se sent pas vraiment directement concerné par les malheurs du monde. On fait le dos rond et on poursuit notre petite existence.

Mais ce matin, l'alerte AFP m'annonçait le décès de Jean Henri Gaston Giraud, le dessinateur puis dessinateur scénariste d'un des plus grands héros de mon enfance. Le Lieutnant Blueberry. Bon sang, en écrivant ces lignes je me rend compte qu'il n'y aura plus d'aventures du Lieutnant Blueberry (et ne me parlez pas des aventures annexes et suites mercatiques certainement déjà planifiées suite à l'annonce de la disparition du second papa du héros). Ça me fait aussi mal qu'à l'époque l'annonce de la mort de Franquin.

Bien plus que le Goscinnien Lucky Luke ou le fantasque Mac Coy, Blueberry, c'était LA bande dessinée du Far West. Du vrai Far West qu'un gosse peut fantasmer avec ses figurines de cowboys et de d'indiens (et de chevaliers aussi, il me manquait des cavaliers). Un juste mélange graphique et scénaristique entre l'héroïsme de l'âge du genre western et le côté crasseux et tronches du western spaghetti. Bref, le tandem Charlier / Giraud avait accouché presque naturellement d'une merveille dont le succès ne se démentira jamais.

Blueberry c'est un héros comme on en fera plus. Ombrageux et grand cœur à la fois, indiscipliné et courageux, lâche aussi parfois, désabusé, tolérant et irascible. Un traumatisé de la guerre de sécession devenu alcoolique et bagarreur. Un personnage auquel on peut croire, tout simplement.

Ce premier tome de ses aventures, publié dans Pilote, ouvre le cycle des aventures du Fort Navajo. Les bases du personnages sont là, le dessin s'épaissira par la suite, l'humour reste bon enfant. Si le summum de la série reste pour moins le dyptique "La mine de l'allemand perdu / Le spectre aux balles d'or", ne boudez pas votre plaisir et plongez vous dans ces aventures de guerre indienne avec ce coincé de Graig, le mystérieux Crowe, ce nid de crotale de Bascom, le charismatique Cochise... Qanah rôde déjà dans l'ombre... Et ce fichu serpent à sonnettes ! A noter que cette bande dessinée s'autorise en plus d'être ionnante de proposer un vrai message de tolérance. Pas superflu en ces temps idiots.

Raaaah, je vais devoir filer à la Fnac me racheter les premiers tomes pour les lire religieusement, la vue risque de se brouiller...
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le 10 mars 2012

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Hypérion

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