Outstanding
Je n'ai pas compris grand-chose mais j'ai été scotché (comme toujours) par le dessin de Brüno et, au fur et à mesure de la lecture, de plus en plus interloqué par le scénario de Fabien Nury.Ce tome 1...
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le 10 mai 2025
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Étant donné que sur la couverture on ne voit pratiquement que le titre de la série, il faut savoir que cet album intitulé Wilbur inaugure la série Electric Miles de manière franchement prometteuse.
Ce titre d’album est le prénom du personnage central, Wilbur H. Arbogast, un auteur de Science-Fiction auteur à la chaine d’histoires pour le magazine Outstanding. A priori, l’histoire commence en 1948 puisque le tout début montre Arbogast dans une librairie contemplant la couverture d’un numéro de ce magazine, datant de décembre de cette année. Il est interrompu dans sa lecture par Morris Millman, un agent littéraire qui se rappelle l’avoir déjà croisé en 1939. A l’époque, Millman ambitionnait un parcours à l’image d’Arbogast, ce pourquoi il lui avait demandé conseil. Cela se ait à la convention de l’American Fiction Guild de San Diego. Arbogast se souvient avoir répondu « coller votre derrière dans un fauteuil, et d’écrire tout ce qui vous venait en tête, sans vous soucier du résultat. » La mémoire d’Arbogast n’aurait donc rien à envier à celle de Millman. A vrai dire, s’il peut répondre aussi précisément, c’est qu’il disait la même chose à tous ceux qui lui posaient la question. Au final, Millman a compris qu’il lui manque le talent (ou l’inspiration) d’Arbogast, raison pour laquelle il se contente de ce métier d’agent littéraire.
Les circonstances amenant la discussion à se poursuivre, l’agent littéraire apprend qu’Arbogast n’a plus rien écrit depuis 1942. Millman y voit une opportunité en or, si Arbogast voulait bien travailler pour lui. Mais la date de 1942 ne doit évidemment rien au hasard. Arbogast a été blessé pendant la Seconde Guerre mondiale et il a même failli y rester.
On réalise à ce qu’il se décide néanmoins à raconter qu’il a vécu une expérience de retour à la vie après avoir été déclaré en mort clinique. Évidemment, cela lui a inspiré un récit, particulièrement important à ses yeux. Ainsi, il l’a proposé à plusieurs éditeurs successifs. Or, le résultat a toujours été catastrophique…
L’enthousiasme de Millman monte, attitude typique d’un personnage à la limite de la naïveté par moments, alors même qu’Arbogast refuse de lui montrer son texte, très agacé de sentir qu’on tente de lui forcer un peu la main. Cela amène cependant l’écrivain à réfléchir. Quand il se décide finalement à apporter son manuscrit à Millman, il lui recommande la méfiance, lui suggérant même de le détruire s’il ne se sent pas prêt. Du coup, c’est Iris, la femme de Millman qui, poussée par la curiosité, se plonge dans cette lecture. Une révélation…
Avec cet album, Fabien Nury (scénario) et Brüno (dessin) – les auteurs de la série Tyler Cross, alors que le dessinateur a travaillé avec Appollo pour l’album T’zée - nous en mettent plein la vue et nous font saliver. Le personnage de Wilbur s’avère particulièrement intéressant et permet d’aborder de nombreux thèmes. Il est ici question notamment de religion, d’espionnage, de culpabilité, de recherche scientifique et de relativité, des possibilités inexploitées du cerveau humain, mais aussi de l’effet des rumeurs, soit des sujets franchement variés qui ouvrent de nombreuses pistes de réflexion. Son expérience de retour à la vie a visiblement transformé Wilbur, aussi bien au niveau des croyances que des capacités. Le scénario a la bonne idée de garder le mystère sur le contenu du texte d’Arbogast, tout en nous donnant un aperçu des ambitions du personnage. On peut d’ailleurs parier que le texte mystérieux d’Arbogast le restera, dans la grande tradition du fantastique qui se e d’explication.
Autant dire que l’aspect esthétique est à la hauteur de ce que le scénario (très à l’aise pour er d’une époque à une autre, afin de faire sentir notamment la complexité de la personnalité de Wilbur) laisse entrevoir. L’ensemble promet d’être franchement électrique, à l’image de l’illustration de couverture et du titre de la série. Malgré son épaisseur, l’album se lit assez rapidement et demande l’exploration. On ne sait pas vraiment où la série nous emmènera et donc ce premier album qui part un peu dans tous les sens a le mérite de nous donner l’envie irrésistible d’en savoir plus. Le personnage d’Arbogast a le physique (visage essentiellement, dans de nombreuses expressions) de Monsieur Sylvestre (Sylvester Stallone) des Guignols de l’info. L’habitude de Brüno de parfois dessiner un visage sans même esquisser la bouche (et parfois même en gros plan) ne nuit absolument pas à l’ensemble ; elle contribue même à la création de l’ambiance mystérieuse. De manière générale, le dessinateur profite du format relativement grand de l’album (32 x 24 cm) pour mettre en valeur son travail, avec de nombreuses vignettes de belle taille, variant régulièrement formes et tailles, avec une prédilection pour les formats larges de type cinémascope. Quant aux couleurs signées Laurence Croix, elles apportent une touche fondamentale pour souligner l’effet spectaculaire de la mise en scène. Quant au trait bien affirmé, aussi net que souple de Brüno dont l’approche esthétisante fait merveille une nouvelle fois, il est particulièrement remarquable dans les ambiances sombres (le jeu sur les ombres n’est pas sans rappeler celui de Charles Burns) pour mettre en valeur l’inquiétante étrangeté de ce tome 1. En bonus, on trouve une belle galerie de couvertures imaginaires du magazine Outstanding.
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il y a 3 jours
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