Quand Death Note fait son grand retour avec ce one-shot, on est un peu comme Ryuk devant une pomme bio : curieux, mais méfiant. Est-ce qu’on va retrouver la saveur croquante de la série originale, ou croquer dans un fruit qui a traîné un peu trop longtemps au rayon promo ? Réponse : c’est un mix des deux, et le résultat est à la fois nostalgique et légèrement tiède.
D’abord, saluons l’effort. Tsugumi Ōba et Takeshi Obata ont réussi à éviter le piège du reboot foireux en gardant l’essence de leur saga culte. On retrouve Ryuk, toujours aussi sarcastique et décontracté, mais surtout un nouveau protagoniste, Minoru Tanaka, bien plus malin qu’il n’en a l’air. Minoru n’essaie pas de jouer au petit Kira 2.0, et c’est tant mieux : son approche moderne du fameux Death Note donne un coup de frais à l’intrigue, notamment avec une astuce qui pourrait faire jalo les traders de Wall Street. Mais si l’idée de "Death Note sur eBay" est séduisante, elle manque parfois de mordant. Ça intrigue, ça amuse, mais ça ne transcende pas.
Graphiquement, Obata est toujours en pleine forme. Ses planches détaillées donnent à ce one-shot une élégance gothico-moderne qui rappelle pourquoi Death Note reste une référence visuelle. Ryuk a toujours autant de charisme, et les scènes où il se faufile dans le monde des humains ont cette touche dramatique un peu grandiloquente qu’on adore. Mais au-delà du style, il manque un peu de tension dramatique. Le jeu du chat et de la souris entre L et Kira était le cœur palpitant de la série originale, et ici, on a plutôt l’impression d’assister à un spin-off tranquille, un peu trop sage.
La conclusion, quant à elle, est efficace mais prévisible, comme si Ōba et Obata avaient voulu nous rappeler qu’ils maîtrisent toujours l’art du "twist", sans pour autant nous laisser bouche bée. On sort du one-shot avec une légère frustration, comme après avoir mangé un sushi trop petit : c’était bon, mais ça aurait pu être bien plus savoureux.
En bref, ce Death Note: One-shot est une sympathique parenthèse pour les fans de la première heure, mais il n’a pas la profondeur ni l’intensité de l’œuvre originale. Un peu comme une réunion d’anciens élèves : c’est sympa de revoir tout le monde, mais on se dit qu’il y a peut-être des raisons pour lesquelles c’était mieux avant.