Comédie sapinienne

Il existait l'homme qui murmure à l'oreille des chevaux. Nous avons aujourd'hui droit à l'écrivain qui chuchote à l'esgourde des Présidents de la République française. En effet, après ses premières Bandes Dessinées suivant les pas de François Hollande, Matthieu Sapin décide, avec Comédie française, de placer au centre de son oeuvre Emmanuel Macron, élu depuis peu à la tête du pays, au moment où le livre est rédigé.

Le lien tissé entre le "Mozart de la Finance" et le monde de la culture. Voilà ce qui serait un merveilleux sujet de documentaire (ou de bande dessinée). Après s'être rapproché des vidéastes Youtubeurs pour parler aux jeunes, avoir entretenu des liens étroits avec la plupart des propriétaires de périodiques et autres journaux d'opinion, il ne manquait à Emmanuel Macron que d'être la tête de gondole, la figure de proue d'une oeuvre de BD. Pour cela, quoi de mieux que de faire appel à Matthieu Sapin, connu et reconnu dans le métier, après ses premiers écrits mêlant neuvième art et politique.

On aurait pu croire que le fait de côtoyer Gérard Depardieu pendant plusieurs années lui aurait suffi et l'aurait découragé à se lancer dans une telle aventure. Que nenni! L'écrivain français apprécie visiblement les challenges tarabiscotés, au d'énergumènes polémiques. Ni une ni deux, le voilà lancé sur son nouveau projet : décrire le fonctionnement du pouvoir sous le Huitième Président de la Vème République, tout en faisant un parallèle avec le célèbre dramaturge français du XVIIème siècle, Jean Racine.

Ne perdons pas plus de temps et entrons directement dans le vif du sujet. Comédie française est un concept biscornu, boiteux, aussi stable qu'une chaise à trois pieds. Matthieu Sapin l'a visiblement parfaitement compris, tant son ouvrage traite davantage de lui et de sa petite personne plutôt que de Macron ou de Racine. Ainsi, le lecteur aura, si l'on peut dire, "la chance" d'assister aux chevauchées et cavalcades de l'écrivain dans la capitale, sautillant de place en place et de projet en projet. Ce dernier n'avait visiblement pas assez de fond pour faire un ouvrage centré sur le sujet initial. Partant, plutôt que de se cre la tête et de tenter une innovation qui aurait permise de créer une Bande Dessinée intéressante en osant par exemple une critique du pouvoir, il a préféré opter pour le choix de la facilité en parlant de son sujet favori : lui-même. Le lecteur n'est pas dupe. Il lui suffit de feuilleter quelques pages pour comprendre que l'auteur se paie la tête de ses suiveurs en proposant une oeuvre vide d'intérêt et de sens.

Ainsi, Comédie française est un conglomérat de mauvaises idées initiales formant un ensemble diffus et asymétrique. L'écrit proposé brille seulement par son absence de proposition concrète et novatrice ainsi que par l'immodestie suprême de son auteur. A ce sujet, s'il demeurait un doute quant à la mégalomanie de l'auteur, il suffit de voir la comparaison qu'il ose tisser entre sa propre personne et un dramaturge tel que Jean Racine pour comprendre la déconnexion de Matthieu Sapin avec le monde réel. Le réussite lui aura visiblement suffi pour le porter en rupture avec le monde qui l'entoure.

Pour la suite de sa carrière, plutôt que de présenter une Bande Dessinée du même acabit, il devrait jeter un œil et faire sienne la citation de Albert Einstein lorsqu'il énonce qu' "il ne faut pas essayer de devenir une personne qui a du succès mais un individu qui a de la valeur".