L'auteur a enseigné pendant plusieurs années le dessin en prison, avec un public réduit et fluctuant (certains sortent, d'autres entrent). Plus précisément, à la maison d'arrêt de Caen.
L'ouvrage se centre sur le lien particulier qui se tisse, dans un contexte contraint (très difficile de faire entrer du matériel, tout surveiller pour éviter le marché noir, suspicion des gardiens...) et humainement particulier (qu'a fait cet homme avec qui je parle ? Comment me voit-il alors que je suis resté du bon côté ? A-t-il des remords ? Que lui fait la prison ?).
Ces questions sont abordées, pas forcément creusées non plus. L'auteur se centre sur son ressenti personnel, sans embarrasser le lecteur de la littérature sur l'univers carcéral (à peine une allusion à Foucault). Et des fois on ne comprend pas très bien pourquoi il s'est fixé sur tel ou tel échange. Je veux dire que la bande dessinée nous demande parfois un effort pour comprendre quelle signification l'auteur met derrière un échange assez anodin.
De même, on ne creuse pas tant que ça en quoi cette expérience l'enrichit et l'affecte : sans doute car le livre se e strictement sur ce qui a lieu en prison, sans communication avec la vie que Galien a à l'extérieur. Donc on ne voit pas comment cela s'articule (ou non) avec sa vie personnelle. Je peux comprendre la réticence à le faire, mais dans ce cas, il aurait été bon au moins de verbaliser cette réticence. En fait je trouve que ce livre aurait gagné à être encore décanté, pour qu'on comprenne bien la différence entre la situation de départ et celle d'arrivée.
Restent des tranches de vie et des descriptions véristes qui ont au moins l'avantage de démystifier le mythe de la prison (notamment le fait qu'on l'assimile souvent, à droite, à un camp de vacances) et de radiographier son échec à réinsérer.
Bref, une expérience personnelle qui gagne à être diffusée. si vous connaissez des réacs, allez-y.