Blankets, manteau de neige
7.7
Blankets, manteau de neige

Roman graphique de Craig Thompson (2003)

Peu d'empathie pour le personnage

Une fois lu « Habibi », j’avais bien envie de continuer de découvrir Craig Thomson. Après une incursion (dispensable) en carnet de voyage, je récupérais enfin « Blankets », proclamé chef d’œuvre par de nombreuses critiques. « Blankets » est un ouvrage autobiographique sur la jeunesse de l’auteur. On y trouve un peu de son enfance et beaucoup de son adolescence. Au centre de cet épais bouquin (pas loin de 600 pages quand même…), sa première relation amoureuse. Le tout est publié chez Casterman dans la collection écritures.


Craig Thomson nous met tout de suite dans un certain misérabilisme. Enfant, il dort avec son petit frère et ils ont froid quand bien même. Quelques anecdotes se succèdent, montrant une éducation à la dure où mieux valait filer droit. Hélas, la plupart des pages traitant de l’enfance n’ont pas vraiment d’intérêt pour la suite. On pourrait bien sûr penser que cela forge le caractère de Craig, mais tout cela est quand même bien décousu. On rentre réellement dans le vif du sujet quand il rencontre son premier amour.


Les amourettes, quand on est a vécues, c’est très touchant. Mais ici, l’histoire entre Craig et Raina n’a pas beaucoup d’intérêt. Tout cela est très plat et manque cruellement de recul. Et pourtant il y aurait de quoi dire : Raina a pour frère et sœur deux enfants handicapés et adoptés. Il ne reste plus qu’à ajouter des parents en plein divorce pour parfaire le tout. Du coup, les pistes de développement se multiplient (on peut ajouter la religion qui saupoudre le tout en permanence) sans vraiment nous intéresser. Et au fur et à mesure de la lecture, on se fatigue un peu de tout ça. Le personnage de Craig est très if, peureux et on n’a finalement que peu d’empathie pour lui.


Au niveau du dessin, j’aime le trait de Craig Thomson. Dessiné au pinceau, il a beaucoup de force. C’est vraiment le point fort du livre. Le noir et blanc permet de bien traiter la neige (le livre n’est-il pas sous-titré « manteau de neige » après tout ?). Malgré tout, il n’y a pas l’incroyable force des planches de « Habibi ». Le sujet s’y prête moins, certes.


Quelle déception que ce « Blankets ». C’est long, lent, peu ionnant et pas touchant pour un sou. On sent l’intention derrière de traiter de nombreux sujets « graves », mais c’est finalement une amourette banale à laquelle on a droit. Les thèmes annexes, survolés, auraient peut-être mérité plus d’attention et non pas quelques pages rapides entre deux coups de téléphone à sa chérie.

5
Écrit par

Créée

le 27 mai 2015

Critique lue 1.6K fois

8 j'aime

1 commentaire

belzaran

Écrit par

Critique lue 1.6K fois

8
1

D'autres avis sur Blankets, manteau de neige

Blankets, manteau de neige
10

Une bouffée d'air pur

Je met 10, car c'est un de mes premier roman graphique, et le seul par la suite ou j'ai eu un tel choc en parcourant les premières pages... Ce graphisme original, qui ondule, véritable animal végétal...

Par

le 10 sept. 2010

19 j'aime

4

Manteau de neige

Le sujet était périlleux, quasi perdu d'avance : parler de son adolescence et d'un premier amour sans tomber dans le pathos ou l'insignifiant. Et pourtant, Craig Thompson y arrive parfaitement, en...

Par

le 19 déc. 2010

17 j'aime

2

Quand un récit personnel ne vous touche pas

Tout ça pour ça? C'est ce que je me suis dit en refermant le gros pavé qu'est Blankets. Ce roman graphique apparaît dans une quantité incalculable de recommandations personnelles, c'est presque comme...

Par

le 5 mai 2012

11 j'aime

Du même critique

Quelle vacuité !

Avec le scandale de « Petit Paul » et ses accusations d’être un ouvrage pédopornographique, on aurait presque oublié qu’au même moment ou presque Bastien Vivès publiait « Le chemisier ». Ce roman...

Par

le 22 févr. 2019

38 j'aime

Une impression d'inachevé

Le premier tome de « L’âge d’or » avait impressionné par son dessin, notamment par ses grandes illustrations façon tapisseries médiévales. Racontant un récit initiatique somme toute classique, ce...

Par

le 24 févr. 2021

25 j'aime

1