Gordon : année Un

Dans le cadre d'un énième reboot de son univers éditorial, DC Comics relance l'ensemble de ses personnages, dont l'emblématique homme chauve souris, qui vient de gagner des galons supplémentaires de prestige avec The Dark Knight Returns. Qui de mieux pour pour orchestrer ce renouveau que celui qui a si brillamment conclu sa destinée? Frank Miller est donc de nouveau aux commandes, quoique se contentant de signer le scénario.


Le problème de DC Comics que Frank Miller a su retourner avec brio était le suivant : alors que son panthéon avait besoin d'un sérieux dépoussiérage pour s'adapter à son lectorat sensibilisé à la patte Marvel, Batman n'avait nullement besoin de er par le moule du super-héros sombre et traumatisé qui risque toujours de sombrer. Les origines de Batman sont depuis 1939 suffisamment violentes et sordides, une surenchère n'est guère possible. Comment ne pas proposer encore un vulgaire copié collé du travail de Bob Kane? idée de génie de Frank Miller, intégrer un autre personnage emblématique dans cette genèse. Ce sera Gordon.


De fait, le lecteur era plus de temps avec Gordon - le commissaire moustachu toujours précédé de sa pipe dans l'imaginaire collectif, mais en ce temps jeune inspecteur grilleur de cigarettes - récemment muté à Gotham City avec un lourd if, tandis qu'un jeune Bruce Wayne revient chez lui après des années d'exil volontaire. Leurs destins se croiseront, se percutant en ricochets, entre épreuves et déconvenues, pour mieux aboutir à une conclusion attendue. C'est là le seul point faible de cette BD mais le reproche est forcément spécieux, aucune surprise, absence de méchants emblématiques, encore à naître.


Côté dessin, j'ai été séduit par le travail de David Mazzucchelli. Armé d'un style old-school renforçant la sensation de "naissance" du héros, ses planches sont fluides et posées à la fois, avec des phylactères bien positionnés et lisibles (parce que l'air de rien, c'est important des phylactères lisibles, ça devient une option de nos jours...). Pas mécontent que Frank Miller soit resté au scénario, lui qui a tendance à parfois sombrer dans le foutraque niveau mise en scène.


Batman : Année Un constitue un excellent épisode. Une excellente bande dessinée sur le plan formel également, que je trouve parfaite pour appréhender le genre du comics.

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le 21 août 2012

Modifiée

le 19 sept. 2012

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