en allumant la radio ( oui, j'écoute la radio dans la cuisine, un petit "transistor" avec une antenne métallique en tubes télescopiques et une molette pour chercher la bonne fréquence parmi le fading ) : Du punk !
Pas possible.
Sérieusement, combien de fois entendez-vous er un groupe punk à la radio ?
Et en plus c'est un groupe que je n'ai jamais entendu;
et surtout c'est très bon.
Scotché, j'attends de savoir qui c'est - en priant pour qu'ils le disent, parce que c'est assez rare - et non seulement ils le disent, mais un journaliste-présentateur mordu raconte toute l'histoire du groupe et e ( intégralement ) ses meilleurs morceaux ; de mieux en mieux !
Le souci, c'est qu'il a beau répéter le nom du groupe, je ne capte qu'un genre de:
"peur ou bouh ! ".
...jusqu'au moment ou il explique que c'est "Père Ubu" prononcé à l'américaine.
Bon, j'ai une attitude compliquée envers le punk.
Les vrais groupes punks, les plus purs ( parce que, oui, le punk c'était une histoire de pureté, de sincérité adamantine ) estimaient que, faire de la musique agréable, c'était faire de la soupe commerciale, point barre.
Il ne fallait pas séduire. Il fallait jouer brut ( mal de préférence ), massacrer trois accords répétitifs en vociférant des textes rageurs, désespérés ou absurdes.
Toute autre approche musicale, c'était se vendre ( entendez, faire le trottoir ), alimenter la machine commerciale mondiale sur laquelle, justement, le punk vomissait.
Tout groupe punk qui commençait à plaire, à faire des morceaux qui aient sur les ondes ou des disques qui se vendaient était, par définition, vendu et récupéré par le système.
Donc traître à la cause.
Les vrais groupes punks purs et durs ne aient jamais à la radio ou à la TV, vous ne trouviez pas leurs albums chez les disquaires, mais ils faisaient des tournées qui drainaient un public de fidèles, surtout irateurs de leur attitude, de leur absence de compromis et de l'ambiance de leurs concerts - loin du showbiz. C'était un esprit de tribus.
( d'ailleurs ces groupes pouvaient comporter un nombre très élevé de membres, dont on ne savait pas forcément à quoi ils servaient mais qui étaient dans la bande, c'est tout )
J'irais VRAIMENT la pureté du concept, mais franchement, pas moyen d'écouter ça plus d'une minute.
Trop de pureté tue l'oreille !
J'avais besoin de mélange pour apprécier le punk, il fallait qu'il soit additionné d'un doigt de reggae, de quelques cubes de rock bien frappés, pimenté d'un trait de rap ou de ska...
L'idéal : The Clash.
Et là, Père Ubu 1978 ( mais pourquoi je n'ai jamais entendu ce truc à l'époque ? ), incroyable, va du rock à la new wave en ant par absolument tout : le reaggae, le bruitisme, le free, le collage, ça pourrait être un bortch innommable ( ça DEVRAIT l'être ) mais pas du tout !
MIRACLE : c'est fort, cohérent ( d'une façon incompréhensible ), tenu de main de maître, même dans les pires excès bruitistes on ne s'ennuie pas un instant, les textures sonores très belles, le chant totalement barré mais parfaitement là...
C'est incroyable.
écoutez n'importe quel morceau de ce disque - Non-Alignment Pact / The Modern Dance / Laughing / Street Waves / Chinese Radiation / Life Stinks / Over My Head / Sentimental Journey ou même Humor Me - sauf Real World, parce que j'ai décidé que c'était le seul raté ( il en faut un ) et vous verrez, vous entendrez, c'est intersidéral et sidérant, la guerre des étoiles jusque dans les lendemains de cuite de Darth Vader...