The Last Will and Testament
7.5
The Last Will and Testament

Album de Opeth (2024)

Reculer ... Pour mieux stagner?

Il était attendu ce nouvel album d’Opeth. 5 années pleines entre deux albums, un temps aussi long entre deux occurrences ça ne leur était jamais arrivé, et même si une bonne partie des fans de la première heure n’attendent en général plus grand-chose lors de l’annonce d’une nouvelle sortie, ça reste malgré tout toujours un évènement.


En 5 ans que s’est-il é ? Outre la sortie de l’album In Cauda Venenum (2019 donc) et la tournée qui a suivie (tournée terminée de justesse début mars 2020 avant le grand chambardement mondial qu’on connaît), le groupe, au retour à « la normale » a repris la route pour l’Amérique notamment où il a partagé l’affiche avec Mastodon, puis s’est lancé l’année d’après dans un autre projet de tournée où les morceaux de la setlist avaient été préalablement choisis par les fans lors d'un sondage initié par le groupe, intitulé « Opeth By Request » qui a vu ressurgir en live des morceaux sortis du fond des âges, et quelques inédits, dont certains accueillis avec beaucoup d'enthousiasme comme Burden mais surtout, Black Rose Immortal.


Par conséquent, le groupe a pris son temps. Il s’est également séparé de son batteur, son batteur depuis presque 20 ans, Martin Axenrot, - ce dernier n’était visiblement pas chaud à l’idée de s’inoculer le vaccin anti-covid – qui a donc été remercié, ne pouvant plus assurer les tournées et qui a été remplacé par Walterri Vaÿrynen, un jeune finlandais notamment é par Paradise Lost.


A titre personnel, pour l’avoir vu jouer sur la tournée de 2022 (l’année où il arrive dans le groupe), ce gars m’a fait une très forte impression. Un jeu clinique, typique de la scène metal extrême finlandaise, dont la nervosité et la précision me rappelle le jeu du grand Martin Lopez, ce qui augurait de bonnes choses pour la suite.


De manière générale, quand Opeth annonce un nouvel album, comme d’habitude, je suis toujours assez nuancé … D’un côté je suis content (5 ans tout de même !) mais à chaque fois j’ai peur d’être déçu, déçu qu’ils nous ressortent un énième Pale Communion-like mou du genou et peu inspiré …


Sauf que là, on a été cueillis, peut-être au moment où l’on s’attendait le moins.


Le retour du growl. Merde.


Quand j’ai entendu Akerfeldt rugir de nouveau lors de l’écoute du premier single en avant-première, j’ai littéralement couru sur les murs de mon appartement, de joie et d’excitation. Comme quoi, tout était possible finalement ! On a eu Black Rose Immortal en live, Iron Maiden de son côté a aussi performé Alexander The Great sur scène … Après tout, le retour d’Akerfledt qui growl en studio, n’était-ce pas là ce petit miracle supplémentaire qui participait à cette logique, comme une implacable destinée ?


Par conséquent ça change tout, et c’est là la grande différence avec les sorties des années précédentes : cet album était attendu ! On savait qu’Akerfeldt allait growler de nouveau, c’était sur! Là où sur les anciens albums post-2011 on ne s’attendait plus à grand chose (et à être quand même déçu, pour paraphraser ce bon vieux Dewey), l’espoir donc d’avoir un album un peu plus sombre et nerveux renaissait et saisissait tout notre attention !


Et alors, l’espoir était-il à la hauteur de cette attente ?


Eh bien ... c’est mitigé.


En fin de compte, l’ambiance de l’album diffère assez peu avec celle de In Cauda Venenum (album que j’arrivais péniblement à écouter en entier tant il m’emmerdait). Si on devait être très succinct, on pourrait dire que cet album c’est In Cauda Venenum … avec du growl (une grande partie du disque en tout cas). Mais la chronique s’arrêterait là et ça m’aurait peiné d’avoir fait toute cette intro pour rien. On va quand même développer un peu.


Malgré le retour du growl (qui sans surprise apporte évidemment beaucoup de positif ici), Akerfeldt garde malgré tout tous les défauts qu’il y avait sur les albums précédents : des mélodies alambiquées mais pas spécialement mémorables, des suites d’accord à la progression étrange et globalement un manque d’inspiration dans la composition ...


Les arrangements sont plutôt bien foutus, le côté « foutraque » de la structure ne me gêne pas malgré ce que j’ai pu lire ici et là (on sent des petites influences typé « avant-prog » genre Sleepytime Gorilla Museum), et les parties folk quant à elles sont toujours aussi majestueuses (LE point fort d’Akerfeldt post-Heritage selon moi).


J’attendais également un peu plus du jeu typé « Death » du nouveau batteur, même s’il semble que sa présence ait joué un rôle primordial dans le choix d’Akerfeldt de faire des riffs plus nerveux (et de revenir au growl sans doute ?), j’attendais plus de plans typiques du Death mais globalement j’ai plutôt apprécié ce qu’il a apporté (sans non plus perdre de vue que Akerfeldt lui écrit probablement certaines de ses parties).


En fait je suis mitigé avec cet album parce que j’arrive toujours pas à savoir si je l’apprécie ou pas.


Le concept autour de l’album est excellent, haletant. La pochette est parfaite aussi (le livret à l’intérieur dont les paroles sont littéralement le testament du principal protagoniste, idée de génie niveau concept et packaging!)


En fait globalement, le problème avec cet album, c’est que les morceaux, à part 2 ou 3 d’entre eux, manquent d’efficacité, mais surtout, on les retient pas, on les oublie, ils sont pas spécialement mémorables, malgré quelques plans bien trouvés. Ça s’écoute bien, mais malgré de nombreuses écoutes, j’arrive toujours pas à rentrer dedans. Et ce n’est pas les interventions de Ian Anderson à la flûte, invité pour l’occasion, qui y changeront grand-chose.


Pour conclure, je dirais … album de transition ou pas ? On a à la fois l’ancien monde et l’actuel qui ont tenté une symbiose. Cette symbiose avait pu marcher par le é (Ghost Reveries ou Watershed) mais le contexte était différent. Le age à Heritage et ce qui a suivi semble avoir « altéré » de façon irréversible la créativité du groupe, par conséquent il sera intéressant de voir vers quoi il s’orientera sur ces prochaines sorties, vu qu’on a eu la preuve qu’ils étaient capables de prendre des risques … L’avenir nous le dira !


Meilleurs moments : §1, §2 et §6

7
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le 8 janv. 2025

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lépagneul

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