The Head On The Door est avant tout l'album le plus fantaisiste de The Cure. Aucun autre album du groupe ne parvient à créer autant d'atmosphères diverses et variées, et il s'impose comme le recueil pop définitif du groupe (auquel on aurait aimé que Kiss Me Kiss Me Kiss Me se pose comme sa suite, hélas il est loin d'être aussi irréprochable).
The Head On The Door, c'est d'abord trois perles pop imparables : les bien connues "In Between Days" et "Close to Me" et la plus souvent oubliée "Six Different Ways" à sa mélodie vaguement kitsch mais surtout irrésistible. Il y a ensuite cet improbable interlude exotique en pistes 2 et 3 qui nous emmène d'abord au Japon (avec réussite) puis en Espagne (pour un résultat un peu moins bon mais toujours sympathique).
"Push" ressort particulièrement entre toutes ces sucreries, avec une première partie instrumentale et métallique d'une intensité ébouriffante, on n'avait même jamais entendu le groupe sonner comme ça. Autre sommet, le romantique "A Night Like this" qui achève d'inscrire l'atmosphère de l'album dans un environnement nocturne, mais pas aussi désert et angoissant que ce à quoi le groupe nous avait jusque là habitué. Même si, après un interlude étrange et déstabilisant ("Screw"), l'album se termine sur un "Sinking" qui n'aurait absolument pas dépareillé sur Faith.
Je ne comprends pas bien les critiques cinglantes sur cet album, qui a rencontré un énorme succès mérité : en dehors d'un "The Baby Screams" plus anecdotique et dudit interlude en piste 9, les compositions sont toutes excellentes et présentent le groupe sous un autre jour, pas moins fascinant ni poignant qu'autrefois. Un album qui de plus, du haut de ses trente-sept minutes, e toujours extrêmement bien et ne demande qu'à être écouté en boucle.