Le bouquet d'herbes musicales

Cycle folk en cours chez moi (*), il m’était impensable de ne pas reer par la case Simon & Garfunkel alors que plus jeune, ça n’était pas ma tasse de thé tout comme Bob Dylan tiens, mais on y reviendra au barde à l’harmonica un de ces jours hein (**). Même plus bas dans cette chronique et je ne spoile même pas. Simon & Garfunkel au début c’était ma moman qui était fan. Je lui avais donc gravé une compile que je me réécoutais finalement plus qu’à l’accoutumée, étant très jeune été bercé par les harmonies de voix diverses dans le monde de la Musique.


Outre le travail des harmonies toujours très riches (Paul Simon compose et arrange tout ça tandis que Art Garfunkel appose sa voix d’or sur les titres), ce qui étonne déjà par rapport à l’album précédent, c’est la qualité sonore de production, probablement au top de l’époque (c’est les sixties). Sounds of Silence (1966) avait été composé et sorti dans l’urgence suite au succès imprévu d’une version électrifiée (avec ajout de piste de batterie) du fameux morceau éponyme (toute aussi imprévue cette version d’ailleurs) et le duo de se reformer vite fait après s’être déjà désuni plusieurs fois. Cette fois c’était la bonne, après un duo classique où nos deux compères s’étaient prénommé « Tom & Jerry » (***) en vain, puis un premier album inconnu et austère répondant tout à fait aux bases d’un folk très classique (Wednesday morning, 3.A.M en 1964) qui ne marcha pas non plus. Quand à Sounds of Silence et l’album qui nous intéresse (tous deux de 66), à nouveau le succès fut tardif mais heureusement pas en décennies à attendre plus tard.


C’est le succès du film « Le lauréat » (The graduate) l’année d’après en 1967 avec Anne Bancroft et Dustin Hoffman qui va faire exploser la notoriété du duo. En effet, plusieurs de leurs chansons sont utilisées dans la bande originale du film (****) et cette fois le grand public les remarque enfin. Il était temps, encore 2 albums et une poignée d’années avant que le duo ne se quitte cette fois définitivement (je ne compte pas la reformation en live au début des années 80 vu qu’elle n’apporte aucune nouvelle composition).


Et pour « Persil, Sauge, Romarin et thym » (je traduis littéralement oui), nos deux compères ont cette fois pris le temps d’investir le studio pendant 3 mois. A l’époque (et surtout pour des disques ne déant généralement pas la demi-heure), ça paraît une gageure. Mais le résultat final, encore plus beau et riche que le précédent disque valait cette effort.


Patterns et ses percussions apporte une touche presque rock et groovy à ce titre folk (la guitare fait des merveilles). La reprise en ouverture de la ballade renaissance Scarborough fair soufflée d’un Martin Carthy non crédité fait directement mouche tout comme l’innocent (à première vue) Silent Night en final, chant de noël repris naïvement mais où le duo ajoute en collage par-dessus un flash info du journal télé de 19h sur la guerre du Viet-Nam. Hop un peu de chanson contestataire comme ça vite fait, t’as vu. Et puis tiens y’a la parodie de Bob Dylan sur A simple Desultory Philippic (et son sous-titre absurde et abstrait qui ne veut plus trop rien dire). On avait reproché au duo de faire du sous-Dylan, allez. Simon s’amuse et va reprendre ça au pied de la lettre : chant nasillard imitant vraiment Dylan avec harmonica joué n’importe comment par-dessus, emballé c’est pesé. Personne n’est finalement dupe de la petite pique rigolote puisque comme l’inénarrable Ralph J. Gleason l’indiquait sobrement dans les notes derrière l’emballage vinyle : « A simple Desultory Philippic carries this still further, snipping away at certain figures on the contemporary youth scene ». Oué oué, la jeune scène locale, on a bien compris surtout que le Zim n’a que 25 ans hein à ce moment-là.


Le reste du disque est du folk et folk-rock aux influences plus riches qu’on le croit et qui vole souvent très haut (aaaaah Cloudy, bonheur cette 3e piste). Si vous aimez les harmonies de voix et les arrangements riches qu’on appose à des notes déjà d’une beauté cristalline à la guitare acoustique, il serait bête de er à côté de ce disque et même de toute la discographie du duo car le meilleur est encore à venir comme on dit même si ici avec cet album qui se place au milieu quasiment de leur courte discographie, on atteint un certain pinacle de bonheur musical.


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(*) J’ai bien fait mes devoirs, j’ai même vu « Un parfait inconnu » au ciné en début 2025 tiens.

(**) Et puis vous savez ce qu’on dit, « Y’a que les imbéciles qui changent pas d’avis »…

(***) Oui, oui, comme le fameux cartoon. Authentique. Une poignée d’ep et puis basta : https://www.discogs.com/fr/artist/194564-Tom-Jerry

(****) Le superbe « Mrs Robinson » est justement composé pour le film.



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le 9 mars 2025

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Nio_Lynes

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