Apparemment, il existe des gens qui regardent BFM TV à 5 heure du mat'. Je peux vous le dire, j'y étais. Pendant 3 mois, assis à côté d'un ingénieur son qui manifestement n'avait pas envisagé ça comme plan de carrière, à lutter contre mes instincts narcoleptiques pour tenter tant bien que mal d'être utile. Tentatives régulièrement ratées, par ailleurs.
Et, je ne sais pas si vous le savez, mais à 5 heure du matin, dans Paris, les métros, ça n'existe pas. Un endroit désert, vide de toute forme de vie, jusqu'à alimenter les désirs un peu fous des fêtards tardifs les plus alcoolisés. Du coup soit tu raques pour un taxi, soit tu prends ton courage à deux mains, et les pédales du vélib' le moins amoché à deux pieds.
Traverser Paris à vélo peut sembler long et épuisant. Ça l'est. Mais il existe une heure dans cette ville magique où le temps n'a plus cours, où les rues se vident pour laisser place à la lumière artificielle des réverbères, masquant l'obscurité d'une nuit tranquille.
Cet album a élu domicile dans cet instant. Damon Albarn, aussi esseulé que moi à ce moment, capture une solitude aussi confortable qu'apaisante.
Finalement, on ne pouvait attendre que ce genre de trouvailles de la part du génie anglais. Déshabillez Gorillaz de leurs artifices, autant musicaux que dans l'imagerie, et vous devriez probablement vous retrouver face à une musique proche de celle que renferme l'unique album purement solo du chanteur du déjà génial Blur.
Des instrumentations minimalistes, on retiendra cette production proche du réel, presque acoustique. Et si Damon s'autorise à invoquer l'épique sur "Heavy Seas of Love", ou la pop la plus efficace dans "Mr Tembo", c'est réellement un disque à ambiance que l'on trouve ici.
Une ambiance aussi irréelle que les membres de Gorillaz, mais tout aussi envoutante qu'une ballade nocturne dans les rues d'une ville insaisissable, voilà ce qu'est Everyday Robots.