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3/Dans la chambre Joseph ou peut être bien Simon regardait le pistolet posé sur une chaise. Il était debout devant le placard à persiennes coulissant. Pieds nus les mains aux poches d'un pantalon souple, la chemise pendante, il paraissait songeur voire égaré. Les traits caucasien du jeune Simon étaient étirés en longueur et comme vieillis taraudés par la présence indésirable. Une barbe de trois jours mangeait les joues et le menton de l'adolescent de façon incomplète. Lentement il leva les yeux gris de Joseph vers le plafond, secoua la tête puis repris la pose capté par l'arme qui luisait devant lui. C'était un Ma M712 une antiquité magnifique pour qui se voue à la ion des armes et de la mort. Joseph inspira plus profondément fit mine d'avancer puis se bloqua à nouveau. Une goutte de sueur perlait sur son front signe d'une concentration intense, d'une réflexion profonde, d'une lutte intérieure acharnée. Derrière l'arme, un bureau encombré de paperasses diverses, d'objets épars et de trois grimoires douteux était calé sous une fenêtre. Il faisait nuit, la lumière n'était pas allumé, les rideaux n'étaient pas tirés et la pièce baignait dans une espèce de clarté lunaire fantomatique. Noir et blanc, tout est gris, tout est dit. Les traits du jeune homme semblaient par moments se déformer, des rides se mettaient à sillonner le visage lisse, un rien poupin. Le Ma était si fascinant, même une personne détestant les armes aurait été subjuguée, obligée de reconnaitre la beauté de cet enchevêtrement de métal prodige de la métallurgie des années 30. Schnellfeuer ou feu rapide dérivé d'un des premiers pistolets automatiques allemand le Ma C96 à chargement par le haut. Cette merveille d'usinage brillait faiblement et semblait appeler. "Tue tue, débarrasse toi de lui ! Tue, tue ! Ce n'est pas toi, tue tue !"
Simon tomba soudainement à genoux et porta les mains à sa tête. Tout son corps se mit à trembler, à vaciller en proie à un combat féroce. La scène dura un long moment au moins un siècle ou peut être était-ce quelques minutes. Le corps trembla, roula sur le sol, fut pris de convulsions, se remit debout s'appuya sur le mur, on voyait clairement la bouche s'ouvrir pour crier, hurler, pourtant aucun son ne sortait. Seuls des halètements sourds entrecoupés de longues périodes d'apnée, le martèlement des pieds sur le sol ou des poings contre le matelas perçaient le silence oppressant. Enfin l'homme se remit debout il semblait apaisé ses yeux gris avaient maintenant recouvré leur acuité malsaine et brillaient d'une joie palpable. Lentement il prit l'arme sur la chaise, la fit jouer entre ses doigts éprouvant les mécanismes, l'irant avec chaleur puis calmement, il ouvrit un tiroir du bureau et y déposa l'objet révéré.