Ce que Ridley Scott fait dans sa vie, résonne (parfois) dans l'éternité.
SPECTACLUS MAXIMUS
Vu deux fois au cinéma à sa sortie, je m'étais alors pris une belle gifle. Et pour cause ! Une réalisation soignée, à base de plans numériques audacieux souvent novateurs, et de scènes épiques et/ou poignantes. Ridley nous ressort le grand jeu, sorte de sursaut post-Blade Runner, presque 20 ans après.
Les acteurs sont excellents pour la plupart, Russell Crowe en tête, dans ce qui restera à mon sens l'un de ses meilleurs rôles, si ce n'est le meilleur. Les répliques font souvent mouche, et certaines sont mémorables. La musique est au diapason, Zimmer apportant un souffle épique et cohérent à l'ensemble, bien aidé il est vrai, par la magnifique voix de Lisa Gerrard.
CHICKEN CAESAR
"A general who became a slave. A slave who became a gladiator. A gladiator who defied an emperor."
Une phrase prononcée dans le film, qui résume assez bien les évènements. Mais il y a aussi un peu de vengeance, histoire de pimenter la chose.
Joaquin Phoenix campe un Commode pas très...commode justement ! Mais un gros lâche. Il n'est pas là juste pour meubler, et déploie tout son talent grâce à un scénario à tiroirs et un Russell Crowe en mode "armoire normande". Tout cela nous amène aux décors, et aux costumes aussi. L'esthétique est très travaillée, et le rendu est bien souvent grandiose, quoique l'excès de numérique se fait parfois sentir.
ERRARE HUMANUM EST
Alors oui, le film est imparfait et manque de finition. Au jeu des erreurs et faux raccords, Gladiator caracole en tête, ou pas loin. Comme ça, au débotté, je peux vous en citer quelques-unes, magistrales ! Si par exemple vous voulez voir un homme en jean avec un talkie-walkie (membre de l'équipe de tournage quoi) faire un pas chassé pour tenter de quitter discrètement le champ de la caméra en arrière-plan, pendant que Maximus caresse un cheval. Ou encore si vous voulez voir un chariot se retourner dans une arène, laissant clairement apparaître ce qui ressemble à une bombonne de gaz, venez, c'est par ici ! La liste est longue.
Alors oui, le film fait un gros "frak" à l'Histoire, avec des batailles pas crédibles lorsqu'on s'intéresse deux secondes au fonctionnement des garnisons romaines de l'époque.
Alors oui, la trame est vue et revue, assez convenue (encore que...), voire prévisible.
Alors oui, le tout est d'un manichéisme à toute épreuve. Commode le méchant. Maximus le gentil.
Oui, oui et oui, je ne pourrai vous donner tort si vous me balancez l'un de ces arguments en défaveur du film, ou même tous en même temps. Sauf que le film peut quand même réussir à prendre aux tripes, on s'attache à Maximus, on a envie de voir Commode crever la gueule ouverte. Ma moitié n'arrêtait pas de feuler (assez excit...hum, non rien) dès qu'il apparaissait à l'écran ! Certaines scènes sont touchantes. Et le final, sans être surprenant, arrive comme un soulagement, à plus d'un titre (je laisse la surprise à ceux qui ne l'auraient pas vu).
TEL UN SHADOK, MAGNUS POMPAIT
Redécouvert en VO et en version longue après si longtemps, j'ai tout de même réussi à repérer les scènes qui avaient été retirées de la version cinéma, et je dois dire que j'ai du mal à comprendre la démarche, tant certaines d'entre elles sont essentielles et lient le tout.
Peut-être une simple question de rythme. Malgré tout, j'avoue ne pas avoir trouvé le temps long en compagnie de Russellus Crowus !