Homme libre, toujours tu chériras l'espace

Depuis des lustres, par sa couleur bleu ciel et sa taille inusuelle, qui rappelle celle d'un lourd dictionnaire, l'épais volume de Planètes me narguait. Un format qui lui interdit tout trajet dans le métro et le rend incasable dans une bibliothèque. Pourtant, rendons hommage à l'éditeur pour son courage, l'objet est beau.

Que nous raconte-t-il ? La vie quotidienne d'une poignée d'astronautes dans un futur proche, nous offrant une science-fiction réaliste, contemplative et méditative. L'humanité a conquis la lune, Mars, et se prépare à s'envoler pour Jupiter. L'espace est désormais une carrière, sélective, certes, mais accessible aux héros et mécanos, aux élèves et prestigieux anciens, aux scientifiques et aux aventuriers, aux casse-cous et aux éboueurs du ciel, tous unis par la ion de l'apesanteur et du risque. Peu d'actions, mais de longs temps de silence et de repos entre deux sorties spatiales, des dialogues, des rêveries, des méditations, des colères, des brouilles, des amours... la vie.

Qu'est-ce qui les anime ? Pourquoi repartent-ils ? Ils répondent à l'appel des étoiles, certes, mais aussi de l'équipage, cette fraternité laborieuse acquise au fil des années.

Que nous disent-ils ? L'homme est si petit et l'univers infini. Le propos se fait ésotérique : l'espace est mortel, nous le savions, mais il est aussi partout. Va comprendre...

Le dessin est somptueux. Yukimara excelle dans les paysages incommensurable, les vaisseaux et les visages. Il varie ses effets, ose la couleur et parvient, au fil des chapitres, à nous rendre ses personnages familiers, à tel point que, la dernière page tournée, ils demeurent en nous.